Réponse au conjoint de Ségolène Royal qui avait trouver que le discours de Valls, "ça fait pays"

Publié par Yves Rétaud

Dans le marasme de commentaires sur les évenements de ce début d'année 2015, j'ai été offusqué par la réaction de Bruno Gaccio, ex-rédacteur des Guignols de l'Info, au sujet du discours de Manuel Valls à l'Assemblée Nationale, durant laquelle les députés se murent en Frèeres Jacques pour entonner la Marseillaise. Monsieur Gaccio, pour qui j'ai un profond respect du fait que je lui doit une partie de mon éducation politique et satyrique, avait été ému par les "attentats", et enthousiasmé par le discours du Premier Ministre. La coupe était pleine, je ne pouvais pas le laisser tolérer ça. Pas lui, par pitié. C'est comme s'il me disait "en fait, Monsieur Sylvestre, c'est un gars bien, il fait des choses, eh bah faut les faire, un moment donné, tous les moyens sont bons". Evidemment, lui se défendait de dire ça, et je le crois sincère. Il y avait bien de la nuance dans son propos. Mais je ne pouvais m'empêcher d'interpréter cela de cette manière. Nous avons donc eu un bref échange...

Le hasard veut quand même que les batteries de ma stupeur précédentes ont été rechargées depuis par le post d’un sketch de la world school company, dans laquelle Monsieur Sylvestre invite Ben Laden à sa conférence sur la peur des petits pour consolider le pouvoir des grands. Sachez que je ne traite moi non plus personne en ennemi, mais bel et bien en adversaire. C’est ce qui fait la beauté d’un débat. Un vrai. Pas ceux des politologues RTL, de la fine équipe d’Hanouna ou Ruquier, ou de Saccomano sur RTL tiens encore eux. Et quand je dis personne, c’est personne. Même pas les trois clowns tristes de ce week end. Trois taulards qu’on a laissé se faire embrigader alors qu’on les avait sous la pogne à Fleury Merogis.

Valls ne m’a rien fait frétiller, j’ai entendu son discours et j’aurai vomi si je pouvais me permettre de me payer à bouffer le midi sans craindre le découvert chaque 15 du mois. Toujours avec sa diction du "deux mots par souffle entre deux pschitt de ventoline", j’ai entendu des mots forts, parfois trop, parfois même insensés, lus sans vergogne ni conviction. Seulement, l’appareil répressif, je le vois venir. Et je me revois il y a dix ans pensant aux américains et me dire "c’est leur problème à ces connards". Maintenant, le premier italien ou serbe venu pensera la même chose que moi jadis. J’ai honte. Qu’un mou de la langue rageux lâche son débit autoritaire le plus simplement du monde sous les acclamations des représentants du peuple...

Vous revoyez la liberté et son sein, par Delacroix ? Moi oui. Elle se fait partouzer par François Manu et Nico sous les yeux vicelards de cette patronne en latex qu’est devenue Marianne, la tenancière du plus vieux bordel au monde et ce depuis 1871. Cette république n’est rien qu’une dictature où qui a pris un ticket dans la file d’attente et une bonne agence de pub peut venir quelques années lâcher ses ordres aux paramilitaires contre tout ce qui gène le pouvoir en place. Ces salauds sont autant mes adversaires que les trois enflures, non pas parce qu’ils ont organisés les attentats chez Charlie mais parce qu’ils entretiennent l’espoir que ça arrive un jour. Leur espoir. Ils font tout pour que ça arrive, ils ont tout fait pour que le FN ait de quoi récupérer la manif, tout fait pour que la première réaction des bourrins soit de démolir des mosquées, tout fait pour que Coulibaly s’offre une bat-mitzvah customisée. Et pour couronner le tout, ils se posent en garant d’un ordre, celui qui - à l’instar du mec qui fait une giga teuf quand il gagne au loto - lance un assaut simultané sous les yeux du bon peuple effrayé par l’intermédiaire des caméras placées là où je vous le dis, qui bute en deux minutes chrono trois tarés sanguinaires hors d’état de réfléchir calmement après nous avoir promis leur interpellation !!!

ILS LES ONT BUTES EN LEUR LAISSANT AUTANT DE CHANCE QU’A MESRINE !!! Nos supers flics terminent le boulot en trois minutes, travail de pros, au point de pas savoir tirer dans les genoux ou quoi que ce soit qui permettait de les choper vivant ? Pourquoi en faire des martyrs muets eux aussi ??? Il nous les fallait hors d’état de nuire mais en état de parler ! La fille de Jean-Marie la gégène veut un referendum sur la peine de mort ?! Et ça choque tout le monde ?! Mais qu’est-ce qu’il y a de choquant à ça ? Tout le monde les voulait mort !!! Et sans procès en plus ! Une fois désarmée qu’est-ce qu’il leur restait comme arme sinon leur seule parole, leur liberté d’expression ? On aurait pu savoir, comprendre, connaitre qui et ce que sont ces malades... Les flics qui sont intervenus prennent un risque pour nous protéger. Ils ont signé pour ça. C’est ce qu’on appelle le devoir. Tant qu’à faire, pourquoi ne pas le faire bien ? Ça, ça aurait fait pays. Et maintenant Manu la valse endosse le costard du protecteur. Même vous, vous avez plongé.

Pourtant jadis, vous regardiez au-delà de nos frontières, et vous avez vu le même cirque, et vous avez fait ce sketch, parmi tant d’autres. Réveillez-vous, je vous le demande à genou, parce que la liberté d’expression dans ce pays, elle n’a pas de leçon à donner, elle relâche juste moins de CO2 qu’une autre, mais elle en relâche. La belle affaire pour ces gouvernants qui ont vu des satiristes pertinents se faire dessouder. C’est l’humour no limit qui s’est fait flinguer. Pas la liberté d’expression. Rien ne changera pour elle. Bisounours pourra toujours parler câlins. Mais Desproges est mort, les guignols sont devenus pitoyables et Dieudonné joue précisément là où ils l’attendent. Et si ma mémoire est bonne, même vous, vous avez reçu des menaces. Comme quoi, même avec un simple stylo, le terroriste gagne contre l’humour no limit. Aujourd’hui grâce à mes glorieux enseignants, je peux de temps en temps sortir une vanne avec le cynisme de jean Yanne, la grammaire de Desproges et la grossièreté de monsieur Syl.... Bruno Gaccio. Mais je suis un amateur, il me faut un peu de temps pour mettre la vanne au point et surtout ce n’est pas systématique. Mais le pire, c’est de ne pas pouvoir y consacrer tout son temps, de l’envoyer au vent pour entendre les rires approbateurs, alors on laisse faire les pros. Et c’est aujourd’hui qu’on a besoin d’eux. Avec le recul qu’ils ont toujours eut. Sans se laisser prendre par la bien séance de l’émotion.

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